Autrefois, le désir d’arborer une chevelure avec de belles boucles qui durent au-delà de quelques jours était présent chez toutes les femmes du monde entier.
Pendant l’Antiquité, la coiffure était associée au statut social. Cela permettait de cerner ou de distinguer instantanément la richesse, la fonction sociale et le rang de celui ou de celle qui la portait. Cet attrait perdura et les nobles de Mésopotamie et de l’empire Perse laissèrent des traces de leur époque qui prouve qu’ils frisaient et coloraient déjà leurs cheveux.
Dès la Rome antique, les cheveux bouclés et tressés étaient à la mode et les servantes passaient du temps à réaliser les coiffures de leurs maîtresses.
À la Renaissance revint la mode des perruques avec des Anglaises et des boucles. Cette mode est relancée par Louis XII. Ainsi, les cheveux étaient frisés grâce à des tortillons que les femmes gardaient toute la nuit afin d’obtenir des boucles au réveil.
Par la suite, les rouleaux en métal apparurent vers 1860. Peu après, les cheveux connurent le fer et c’est en 1872 qu’un Français nommé Marcel Grateau inventa et breveta le fer à friser. Les ondulations Marcel devinrent très populaires et permirent de créer de nouvelles coiffures. À cette période, les ondulations et les frisures en général sont à leur apogée. Mais, elles sont temporaires, car elles s’éliminent au shampooing.
En 1906 Charles Nessler met au point une ondulation qui résiste à l’eau, au shampooing et à toute influence atmosphérique. Elle sera connue sous le nom d’indéfrisable à chaud ou permanente. Le principe consistait à enrouler des mèches imprégnées d’une solution ammoniacale sur des épingles doubles. Chacune était entourée d’un papier et l’ensemble était alors chauffé avec un fer à papillotes.
En 1909, Charles Nessler présente une version améliorée de l’indéfrisable à chaud. Les cheveux sont enroulés à partir de la racine sur des bigoudis métalliques que l’on enveloppe d’un étui et sur lequel descend un chauffeur électrique. La température s’élève alors à plus de 100 °C pendant 10 minutes. La lotion frisante utilisée contient un produit fortement alcalin à base de sulfite de sodium.
Quand la Première Guerre mondiale éclata, Charles Nessler partit pour les États-Unis où il découvrit que de nombreuses copies de son invention étaient présentes sur le marché américain. En quelques années, il entreprend d’ouvrir de nombreux salons indépendants dans les villes de Chicago, Détroit, Palm Beach et Philadelphie. Avec la crise de 29, Karl Nessler fit faillite et se trouva ruiné.
L’hiver 1916-1917 changera complètement les attentes. Les femmes étaient de plus en plus amenées à remplacer les hommes dans tous les domaines. Après la guerre et pour des raisons pratiques, elles adoptèrent les premières coupes courtes. C’est pour cette raison que la permanente sera mise de côté.
Dans les années 1920-1930, le Suisse Eugène Suter et l’Espagnol Eugenio Isidoro Calvete révolutionnent la coiffure en inventant un système de tubes dans lesquels sont insérées deux bobines en aluminium. Les cheveux sont enroulés autour des tubes avec des mèches assez épaisses.
De leurs côtés, le Tchèque Josef Mayer (1924) et l’Américaine Marjorie Joyner déposent un brevet à leur tour pour une machine dans laquelle les cheveux sont enroulés sur des cylindres. Ce système s’améliore peu à peu.
En 1934, la firme Calvete inventa iCall, une conception innovante dans laquelle les tubes étaient détachés de l’électricité. Cette nouvelle invention fut présentée à Londres en 1935 durant l’Hairdressing Fashion Show et remporta un vif succès. Parmi les premières adeptes des cheveux courts et ondulés, c’est probablement Mademoiselle Coco Chanel qui en fut l’emblème. Un style qui se transforma en peu de temps en un véritable phénomène de mode. Les stars hollywoodiennes adoptent le style « femme fatale ». De la « fiancée d’Amérique » Mary Pickford à la sublime blonde Jean Harlow ; de la magnétique Marlène Dietrich à la splendide Ava Gardner, toutes craquent pour les ondulations.
En 1938, arrive une autre révolution créée par Arnold F. Willat avec la « Cold Wave » (l’onde à froid), prémisse de ce qui sera la permanente d’aujourd’hui.
En 1940, le 1ᵉʳ brevet pour une formule à base de thiols est déposé pour réaliser la permanente à froid. C’est aussi le début des véritables programmes de recherche dans les laboratoires de cosmétique.
En 1945, L’Oréal dépose un brevet pour un système « d’ondulation permanente froide » Oréol.
En 1947, l’entreprise Testanera, aujourd’hui sous le nom de Schwarzkopf Professional, emboîte le pas. Dès 1924, Wella avait aussi lancé sa première ondulation à chaud.
Dans les années 1950, la permanente obtient une place de choix, mais la décennie suivante lui sera moins favorable. Le Bob inventé par Vidal Sassoon, à la forme géométrique ultra lisse, détrônera la boucle.
Plus tard, le phénomène musical de l’époque Hair (1969), remet sur le devant de la scène la frisure comme véritable signe distinctif. Puis, il y aura de nouveau une grande accalmie.
Dans les années 1980, la permanente repart à la conquête du monde. En dépit de son esthétique discutable, la permanente est présente sur les crânes des chanteurs de pop et envahit les couvertures de magazines. En témoignent les longues tignasses bouclées des Suédois du groupe Europe, auteurs de « The final countdown » (1986), des The Rolling Stones et Guns’N Roses.
Les actrices telles que Farrah Fawcett, les héros des séries télé Dynastie, Dallas et nombre de footballeurs vont l’adopter et faire la fortune des coiffeurs.
Cet effet de mode s’est prolongé jusque dans les années 1990 avec de nouvelles textures de boucles, plus ou moins denses, plus ou moins vaporeuses.
Depuis les années 2000, les marques professionnelles de la coiffure s’interrogent régulièrement sur un éventuel retour de la permanente. La recherche se concentre sur des formulations toujours plus douces pour préserver l’intégrité de la chevelure. Mais, il est également question de lui donner une autre image plus moderne, plus glamour et surtout moins ancrée dans le passé.
Avec une clientèle qui aspire de plus en plus au naturel, tout en présentant une chevelure en bonne santé, la permanente peine à trouver sa place sur le marché de la coiffure.
Toutes les affirmations et les questions des clientes restaient parfois sans réponse : « La permanente ne tient pas et sèche trop les cheveux ! », « Cela provoque des irritations ! », « Je vais devoir faire beaucoup de soin pour avoir de beaux cheveux après une permanente ! ».
Les professionnels ont pris beaucoup de temps pour faire le point sur cette technique. Les coiffeurs sont désormais capables de répondre et de rassurer la clientèle.
Enfin, n’oublions pas que la permanente est compatible avec les autres techniques réalisées en salon de coiffure telles que les mèches, colorations, ombrés, patines, décolorations à l’exception des teintures végétales qui imposent de réaliser un test de compatibilité.
Les visuels ont également évolué. Ils présentent à la clientèle des cheveux souples, brillants ainsi que plusieurs degrés de frisure adaptés à la longueur et à leur nature des cheveux.
Actuellement, le marché de la boucle se développe grâce à l’évolution des supports (bigoudis, rollers ou autres) et des produits qui respectent mieux la fibre capillaire. La publicité et les ambassadeurs de la mode diffusent également des coiffures bouclées, en volume et souples. On les observe lors des défilés ou des shows présentés lors du Mondial Coiffure et Beauté entre autres.